Zone rouge

Zone rouge …

Tout débute à la suite de la mort de Rémi Fraisse, jeune activiste tué par une grenade de la gendarmerie nationale dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 sur le site du contesté barrage de Sivens. Plusieurs villes de France s’embrasent, Nantes, Toulouse et Rennes « la rouge » comme l’ont surnommée certains médias locaux ne font pas exception à la règle. La mouvance anarcho-autonome, très active en Bretagne, proteste contre les violences policières … S’en suivent de nombreuses manifestations interdites par les autorités et fortement réprimées par la police … les faces à faces tendus entre forces de l’ordre et manifestants se multiplient … scènes de guérilla urbaine, arrestations, atmosphères saturées de gaz lacrymogène … les évènements récents cristallisent une contestation sociale, économique et écologique d’un nouveau genre en place depuis la création de la ZAD de l’aéroport de Notre Dame Des Landes …

Zone rouge …

de nombreux pigistes couvrent les manifestations, les anecdotes de chacun s’entassent … nous sommes de plus en plus nombreux à être empêchés de travailler … par la police, par les manifestants … la journée du 22 février à Nantes résume parfaitement la situation … Je prends un rocher sur le pied en début de manif, j’ai l’impression qu’il est cassé … Laetitia Notarianni, les boitiers hors d’usage après une salve de canon à eau ( elles était seule au milieu de la place ) … Anthony Fouchard, touché par un tir direct de flashball, Emmanuel Brossier, un pavé creuse un sillon dans son casque … Justin Raymond, sommé par des CRS d’effacer sa carte mémoire … les règles du jeu changent, les journalistes, photo reporters indépendants deviennent des cibles privilégiées pour les différentes parties …

Zone rouge …

l’été arrive, la saison des manifestations est derrière nous, la ville retrouve son calme et ses affaires courantes, les nouveaux projets se préparent … jeudi 11 juin, 9h00 du matin, ça sonne à la porte, la police judiciaire perquisitionne mon appartement, saisit mon matériel informatique, mon appareil photo, je suis placé en garde à vue … les enquêteurs me soupçonnent d’être en lien avec un site internet anti police dont nous avons tous dénoncée l’existence … simple coup de pression, volonté d’accéder à mes archives, piste bidon ou volonté de nous « griller » vis à vis des activistes dans les manifestations … ils ne me prennent pas  pour un photographe mais pour un militant, me répétant que mes revenus principaux proviennent d’un boulot alimentaire et pas de la presse … la situation met clairement en avant les problèmes liés à la précarisation de mon métier de photographe de reportage, difficulté d’accéder à la carte de presse salvatrice et embrouilles qui s’en suivent sur le terrain … Il est 16h00, je sorts de garde à vue, je n’ai plus de matos … je prends réellement conscience que mon appareil photo est devenu plus dangereux que n’importe quelle pierre, que j’évolue en pleine …

Zone rouge.

 

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